06
Juil
2016

Interview d’Eric FEDIDA, secouriste SSF

Nous avions envie de vous parler du travail des secouristes bénévoles qui sont basés en Israël, pour le meilleur et pour le pire.

Eric Fedida, la cinquantaine, est secouriste pour SSF en Israël depuis plus de 10 ans. Il s’est engagé auprès de l’association fin 2004, lors du tsunami qui a ravagé l’Asie du sud Est. SSF s’était alors mobilisé au Sri Lanka. Eric a participé à plusieurs missions de secours d’urgence à l’étranger avec SSF: à Haïti (tremblement de terre en 2010), Philippines (typhon en 2013) et au Népal (tremblement de terre en 2015).

Dans le civil, Eric est adjoint de direction d’une grande société de communication qui emploie 250 personnes.

B.T. : comment êtes vous arrivé chez SSF ?

Eric F. : j’ai commencé par un stage de secourisme auprès du Magen David Adom (service d’urgence officiel en Israël), ce qui m’a permis d’intégrer les équipes de secouristes bénévoles de SSF. J’ai maintenant une formation qui s’apparente à un secouriste-urgentiste; je suis également chauffeur d’ambulance et je m’occupe de la logistique de SSF lors des départ à l’étranger.

B.T. : comment cela fonctionne concrètement ?

Eric F. : tous les secouristes SSF ont sur eux un bipeur qui donne des informations de la police du Magen David et un talkie walkie qui couvre le territoire national et que l’on appelle ici MIRS. C’est une technologie avancée pour tous les services de secours du pays. Ce talkie possède un GPS qui permet de filtrer les alarmes. La centrale de communication qui est au courant d’un événement nécessitant des secours va alerter les secouristes dans un rayon de 5 km autour de l’événement. Si on est dans les parages, on laisse tout, et on part secourir une personne. Notre rôle est de prodiguer les premiers soins, stabiliser le blessé, et faire en sorte que son évacuation par le MDA soit le plus rapide possible. Il y a un vrai relais qui s’établit entre SSF et le MDA.

B.T. SSF va lancer prochainement son application sur mobile en Israël. Qu’en pensez-vous ?

Si vous êtes secouriste et que vous acceptez l’alerte, votre téléphone devient un GPS et vous conduit directement à l’adresse de l’événement. De la même façon, je peux envoyer avec mon mobile une alerte pour attentat au couteau et préciser « grave » ou « pas grave » pour une intervention d’un secouriste, ou « grave » pour une intervention d’un paramedic ou d’un médecin. Le secouriste qui accepte l’alerte sera conduit directement sur le lieu de l’événement grâce à son GPS. C’est un gain de temps énorme pour sauver une vie.

B.T. vous partez sur quels types d’intervention ?

Eric F. : cela peut être des blessés suite à des attaques terroristes, mais également tous les accidents de la vie (de voitures, domestiques, personnes âgées…), et également des accouchements…

B.T. : vous êtes tout le temps d’astreinte ?

Eric F. : oui ! 24H/24 et 7j/7 ! Je peux être en réunion au boulot, en week-end avec ma famille, à table…être un secouriste bénévole fait partie de mon quotidien. Mes collègues connaissent tous mon engagement et je peux partir du jour au lendemain sur une mission sur le terrain ou à l’étranger. Mes enfants vivent avec ça depuis longtemps et le secourisme fait partie de leur vie. D’ailleurs, mes 2 fils  sont maintenant secouriste !

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B.T. : faites-vous des formations vous-même ?

Eric F. : oui, bien sûr. Il y a des mises à niveau et l’on fait minimum 2 formations par an. SSF nous fournit du matériel médical qu’il faut bien utiliser, des défibrillateurs. On fait des formations auprès de médecins pour être au courant des nouveaux traitements, et être à la pointe des outils techniques dans le domaine du secourisme. On a même fait un stage avec l’armée pour simuler des évacuations de blessés en hélicoptère…

B.T. : vous intervenez dans quel secteur ?

Eric F. : j’interviens souvent sur la route 443 entre Tel Aviv et Jérusalem. C’est une route assez dangereuse pour pleins de raisons…on peut soigner des accidentés de la route, des blessés par brûlure, des personnes qui ont pris une pierre sur le pare brise et donc qui présentent des plaies…

B.T. : Etre secouriste, c’est angoissant ou plein de vie ?

Eric F. : Moi, je vois le bon côté de la chose, forcément…il y a quelques jours, on a aidé une femme à accoucher…

 

Propos recueillis le 28/06/16